KUMARI Partie I Chap. 4 - Jour J moins un

3 août 2023

KUMARI Partie I Chap. 4 - Jour J moins un

Bonjour à tous,

Je ne suis pas très en avance pour publier ce 4^e épisode de "Kumari" ! Ces derniers jours, je me suis dispersée dans pas mal de projets et j'ai eu aussi des arrivées de poupées. Il fallait en plus trouver le bon créneau pour faire les shootings avec un temps plutôt gris.

Les photos sont essentiellement des photo-montages agrémentées comme souvent par des "vrais" accessoires. J'ai hésité à me servir de mon diorama mais il est légèrement trop petit pour les BJD que j'utilise. Je ne suis pas satisfaite de tous les "collages" que j'ai faits mais j'espère que vous serez indulgents.

Pour cette fois, c'est un récit à deux voix : il est commencé par Nikita et terminé par Sunny.

Pour rappel : Mon récit s'adresse à un public adulte.

PARTIE I – CHAPITRE 4

JOUR J MOINS UN

Récit de Nikita

Ce dimanche, c'est le dernier jour de congé avant la rentrée universitaire. Nous avons convenu de nous retrouver l'après-midi chez Belaya. Mamochka reçoit ses copines pour le thé et ne veut pas nous avoir dans ses pattes ! Sunny nous rejoindra plus tard parce qu'il doit répéter avec son club de musique.

Belaya m'a dit que sa tante ne sera pas là et c'est tant mieux ! Je n'aurai pas à supporter sa mine glaciale. Je me dis quelquefois qu'elle a dû être serial killer dans une vie antérieure ! Je l'imagine bien éliminer quelqu'un, impassible, avec à peine un battement de cils !

Belaya m'ouvre la porte et je la connais suffisamment bien pour savoir qu'elle est stressée.

- Ça va, Belaya ? Tu es toute pâle !

- Oui, ça va. Elle hausse les épaules. Je ne suis pas pâle, c'est mon teint naturel !

- A d'autres ! rétorqué-je. Je suis sûre que tu flippes pour cette rentrée universitaire ! Je t'ai déjà répété cent fois : nous serons sur le même campus et nous trouverons plein d'occasions pour nous voir. Déjà, nous pourrons déjeuner tous les jours ensemble au resto U si tu veux.

- Hum, tu vas sûrement rencontrer d'autres personnes et tu n'auras pas envie de me traîner comme un boulet !

- J'espère bien que je vais faire des rencontres ! Et toi aussi d'ailleurs ! Peut-être même que tu vas trouver un amoureux ! ajouté-je pour la taquiner.

Belaya hausse les épaules et ne me répond pas. A dix-sept ans passés, elle fait encore très gamine et je ne lui connais aucun petit ami. Elle est pourtant jolie mais ne se met pas assez en valeur. Elle se maquille peu et porte des habits discrets, une vraie petite souris grise ! Finalement, elle ressemble beaucoup à Sunny : introvertie et peu bavarde. C'est probablement dû à leur enfance chaotique : l'une est devenue orpheline à dix ans, l'autre s'est vu rejeté par sa mère à cinq ans, ce qui est peut-être encore pire !

Moi, je n'ai pas presque pas connu mon père mais ma mère m'a aimé pour deux ! Je tiens d'elle ma manie de vouloir faire le bonheur de tout le monde ! Je me suis toujours sentie investie de la mission de défendre mon petit frère et ma meilleure amie. Quand on se moquait des cheveux blancs de Belaya ou de la timidité de Sunny, je n'hésitais pas à montrer mes griffes ! Je me suis battue une fois contre un garçon et l'ai mordu jusqu'au sang, ce qui m'a valu plusieurs jours d'exclusion du collège.

J'ai souvent été intriguée par le mystère qui entoure la famille de Belaya. Elle se souvient de petits évènements anodins de sa petite enfance mais n'est pas capable de dire quel était le métier de son père. Elle répond vaguement qu'il s'occupait d'affaires financières, mais je crois qu'elle n'en sait rien en réalité ! Je ne suis même pas sûre que Gala soit vraiment sa tante : tantôt elle dit que c'est la sœur de son père, tantôt que c'est celle de sa mère. Chez elle, il n'y a aucune vieille photo qui traîne, même pas une seule de ses parents, ce qui est vraiment étrange. Elle prétend qu'elles ont été perdues lors du déménagement à Paris mais j'ai des doutes. Comme j'ai beaucoup d'imagination, je me figure que son père était un gangster en fuite et qu'il a été victime avec sa femme d'un règlement de comptes !

- Toujours pas d'amoureux en vue ? demandé-je à Belaya, bien que je connaisse déjà la réponse.

- Arrête de m'embêter avec ça ! s'exclame-t-elle, un peu piquée au vif.

Contrairement à Belaya, je recherchais activement l'âme-sœur depuis mes quinze ans : beaucoup d'appelés mais peu d'élus ! J'ai "testé" pas mal de garçons mais tous ont fini par me lasser et aucun n'a emporté mon cœur ! J'aimerais que mon amie ait la vie sentimentale et sexuelle d'une jeune fille moderne et ne se comporte pas comme une oiselle du XIXe siècle !

Mais, j'ai peut-être trouvé l'occasion de l'émanciper parce que Sunny m'a fait une confidence surprenante, il y a quelques jours.

- Dis-moi, Belaya, comment trouves-tu Sunny ?

- Comment ça ? Que veux-tu dire par là ?

- Eh, bien, est-ce que tu le trouves séduisant ?

- Je ne sais pas…Oui, il est plutôt mignon ! Pourquoi tu me demandes ça ?

- Figure-toi qu'il est raide dingue de toi ! C'est ce qu'il m'a confié récemment.

Belaya s'est levée brusquement de son fauteuil, l'air perplexe et je dirais même effarée ! C'est mal barré ! Moi qui nous imaginais déjà futures belles-sœurs !

- Tu es vraiment sérieuse ? me demande-t-elle, les yeux écarquillés.

- Oui, bien sûr, Sunny avait l'air sincère quand il m'a fait cet aveu.

- J'aime Sunny bien évidemment, mais comme un ami, comme un frère. Je ne l'imagine pas comme un amoureux !

- Ce n'est pas ton frère !

- Oui, mais c'est tout comme, nous avons grandi ensemble ! Envisager une relation amoureuse avec Sunny, c'est quasiment un inceste pour moi !

- N'exagère pas ! m'indigné-je. Bon, j'ai compris, tu ne ressens pas la même chose pour lui !

- C'est Sunny qui t'a chargé de me faire passer le message ? demande-t-elle soudain, l'air inquisiteur.

- Euh, non ! En fait, c'est moi qui ai pris l'initiative. Mais tu connais Sunny, il n'aurait jamais osé te le dire !

- Ouais, j'ai compris ! Tu t'es encore mêlée de ce qui ne te regardait pas !

A ce moment-là, la sonnerie de l'interphone retentit : Sunny vient d'arriver. Trois minutes après, il est là, encombré de son étui à guitare.

Je pense qu'il vaut mieux peut-être que je m'éclipse un peu.

- Bon, je vous laisse ! Je vais nous chercher quelques pâtisseries pour le goûter ! lancé-je, en m'engouffrant dans la porte d'entrée restée ouverte.

Récit de Sunny

Je regarde avec surprise Nikita partir précipitamment.

- Qu'est-ce qui lui prend ? demandé-je. C'est mon arrivée qui la fait fuir ?

Belaya me regarde d'un air un peu bizarre, puis me tend la joue pour la bise. La peau satinée de sa joue et son léger parfum d'agrumes me trouble un peu et me donne des frissons.

- Qu'as-tu fait au club de musique ?

- Nous avons répété un morceau d'Ed sheeran : "Happier", tu connais ?

- Oui, mais je ne suis pas vraiment fan !

- Vraiment, pourtant toutes les filles en sont folles !

- Je ne suis pas toutes les filles ! dit-elle avec son petit air buté.

- Ah oui, nous avons aussi accueilli un nouveau membre. Il s'appelle Nathan et il a l'air assez sympa. Il va entrer en première année d'anglais comme Nikita, peut-être qu'elle fera sa connaissance.

- Qu'est-ce qu'il joue comme instrument ?

- De la guitare comme moi.

Belaya se rapproche de moi et me fixe avec ses grands yeux bleu-vert, d'un air un peu inquisiteur.

- Nikita m'a dit un truc bizarre tout à l'heure à ton sujet mais je ne sais pas si c'est une blague ! lâche-t-elle en ne me quittant pas du regard.

Je me tortille, un peu mal à l'aise : je vois de quoi il s'agit ! J'ai été trop con de penser que ma chère sœur pouvait garder un secret ! Je n'aurais jamais dû me confier à elle ! Mais j'avais besoin d'en parler à quelqu'un et surtout pas bien sûr à la principale intéressée.

Je connais Belaya depuis mes douze ans et nous avons pour ainsi dire grandi ensemble. Je l'ai toujours considérée comme ma meilleure amie, voire une sœur au même titre que Nikita. Je ne faisais pas vraiment attention à son aspect physique ni au fait qu'elle était une fille. Quand nos mains ou nos corps se touchaient, je ne ressentais aucun trouble : elle était Belaya et puis c'était tout !

Cet été, nous avons fêté mes dix-huit ans et ma majorité. Irina est partie dormir chez une amie pour nous laisser l'appartement pour la soirée. Belaya est arrivée un peu en retard avec mon cadeau. C'était la première fois que je la voyais en robe de soirée et un peu maquillée.

Je l'ai soudain observée comme jamais je ne l'avais fait avant. Comme dans un flash, sa beauté si particulière m'a sauté aux yeux ! Comme une avalanche ou un tsunami, la certitude que je ne pourrais jamais aimer qu'elle, m'a frappé brutalement. Ne me demandez pas pourquoi, je ne le sais pas moi-même ! Elle m'a tendu une guitare Gibson vintage dont je rêvais depuis longtemps mais je n'avais d'yeux que pour elle.

Il va falloir maintenant que j'ai le courage de répondre à la question de Belaya.

- Oui, c'est vrai, je suis amoureux de toi, Belaya ! bredouillé-je en rougissant.

Elle porte la main à sa bouche, comme si je venais de lui annoncer une nouvelle particulièrement choquante.

- Oh Sunny, je suis vraiment désolée ! Je t'aime bien sûr mais comme un ami ou un frère. Pardon de te décevoir, mais je ne suis pas amoureuse de toi !

Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'elle ressente la même chose que moi, mais je n'ai pu m'empêcher d'avoir un pincement au cœur.

- Est-ce que tu m'en veux ? Est-ce que tu vas me détester ? Tu sais combien je tiens à ton amitié et à celle de Nikita ! s'exclame-t-elle.

Belaya a l'air tellement inquiète et perturbée que je l'ai prise dans mes bras pour la rassurer. Ce n'est peut-être pas une bonne idée car le contact de son corps a bouleversé tous mes sens !

- Belaya, tu sais que je ne pourrais jamais te détester ! Oublie ce que je t'ai dit : rien ne changera entre nous, je te le jure.

A ce moment-là, Nikita revient avec une boîte de pâtisseries à la main. Elle nous scrute, essayant probablement de deviner ce qui s'est passé pendant son absence.

Belaya nous invite à passer à table pour manger les gâteaux. Nous discutons de la prochaine rentrée et peu à peu l'atmosphère se détend et s'allège.